Grandes cultures bio « Limiter l’impact sur l’environnement grâce à des aménagements »
En grandes cultures bio, Pierre-Elie Dequidt souhaite que ses pratiques aient le moins d’impact possible sur la biodiversité.
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Avant de reprendre en 2017 une ferme en hors cadre familial, Pierre-Elie Dequidt a pris le temps de la réflexion. « Je suis touché par la nature et la biodiversité, c’est d’ailleurs ce qui m’a ramené vers ce métier. Mais je souhaitais limiter au maximum l’impact sur l’environnement. Les formations que j’ai passées m’ont ainsi permis de me rendre compte que le bio était envisageable dans les Hauts-de-France. Et ça a été le déclic ! »
Il a depuis repris cette exploitation située à Marconnelle (62) et a converti en agriculture biologique environ 15 % de la surface totale tous les ans. Ainsi en 2023, il reste seulement quelques hectares en deuxième année de conversion. Sur la ferme, on trouve deux zones distinctes. La première, proche de l’agglomération, comportait déjà pas mal de haies à proximité d’un bois. Sur la seconde partie, il n’y avait en revanche aucune infrastructure agroécologique et les parcelles étaient assez grandes (6 à 10 ha).
1 km de haie
Pierre-Elie a depuis allongé la rotation en y intégrant la lentille et le maïs grain. Il sème aussi quelques espèces en mélange. « Mais j’ai également cherché à couvrir au maximum mes sols. J’implante notamment en avril du trèfle sous couvert des céréales », ajoute-t-il. La légumineuse reprend en fin d’été après la récolte et apporte ensuite de l’azote aux cultures suivantes.
L’agriculteur a de plus mis des bandes fleuries (voir la photo) et accueille chaque année des ruches. Un kilomètre de haie, subventionné en partie par la région, a été implanté en bordure de parcelles avec un voisin dans la zone qui ne comportait pas d’infrastructures. Des arbres ont été mis tous les 100 mètres le long de cette haie. D’autres arbres isolés doivent être encore plantés sur les deux zones de l’exploitation. « Ce sont notamment des relais pour les oiseaux », estime l’agriculteur, qui souhaite créer ainsi des corridors écologiques.
« J’ai aussi réduit la taille des plus grandes parcelles et je teste la séparation en quatre bandes de 36 mètres sur une parcelle, sur lesquelles je vais implanter différents types de cultures. Des études montrent en effet l’impact positif de cette technique sur la biodiversité », ajoute Pierre-Elie Dequidt.
« Avec l’érosion générale de la biodiversité, nous, agriculteurs, avons un rôle à jouer. »
Certes, l’agriculteur ayant repris l’exploitation depuis peu, difficile pour lui de déterminer quel est déjà l’impact concret de ses pratiques. Toutefois, il remarque la présence de macrofaune telle que lapin, chevreuil, oiseaux… « Forcément, sans produits phytosanitaires appliqués, j’ai l’impression de voir plus d’insectes qui volent dans les champs ! Mais ça n’est pas évident à quantifier », considère-t-il.
Des aménagements favorables
Diagnostic arthropodes
Or, il se trouve que Bio Hauts-de-France a souhaité étudier l’impact de l’agriculture biologique sur la biodiversité. Pour cela, un diagnostic « biodiversité arthropode » a été lancé. Le but : évaluer l’impact des haies sur la biodiversité entomologique. Et parmi les objectifs, l'association a aussi l'objectif de rendre accessible aux autres agriculteurs de la région les pratiques mises en œuvre qui ont permis d’améliorer la biodiversité. Intéressé, Pierre-Elie Dequidt s’est proposé et a été sélectionné ainsi que six autres exploitations. Quatre linéaires de haies ainsi qu’une zone adjacente (bord de chemin agricole) ont été étudiés chez lui.
Emmanuel Vidal, de l’Adep (1), est ainsi passé à cinq reprises chez l’agriculteur en 2022. « La première fois, j’ai fait le tour avec lui. Puis lorsqu’il passait, je relevais les pièges un peu après », explique l’exploitant. Les premiers résultats (voir infographie), encore provisoires, montrent un nombre intéressant d’espèces pour les principaux groupes d’arthropodes étudiés, sauf peut-être pour les coléoptères carabiques.
« C’est une expérience intéressante car cela me permet de savoir ce que l’on trouve sur notre exploitation et j’ai aussi appris pas mal de choses sur les haies. Je suis notamment impressionné qu’il ait pu trouver plus de 40 espèces d’abeilles sauvages ! », souligne Pierre-Elie, que ces résultats confortent pour continuer dans la même direction.
(1) Association des entomologistes de Picardie.
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